SARL Renard

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

Dans quasiment tous les documents à fournir, il y a la case « métier ». Souvent, nous sommes « agriculteur », mais si nous voulons donner un peu d’esbroufe à notre égo, nous devenons « exploitant agricole ». D’ailleurs, comme nous n’avons pas de « ferme » mais des « champs », nous avons une exploitation.

Il n’y a pas longtemps, nous tombons sur le contrat de mariage de l’Ancêtre. Et lui, son métier, c’était « cultivateur ». Avant les années 60, nous cultivions les terres. Maintenant nous les exploitons.

Et avouons-le, les termes choisis désignent parfaitement la réalité. Dans les champs, seule Laure a suivi des études agricoles (encore qu’elle avoue avoir eu son BTS grâce aux matières générales et non pour sa connaissance de la conduite d’une exploitation d’ovins !). Carlos et moi n’avons pour bagage que ce que nos parents nous ont donné. Mais si les techniciens nous parlent souvent d’engrais vert, il est d’abord évoqué ce qu’il faut à la plante… pour que nous gagnons notre croûte sur son dos.

L’habitude de «  prendre » s’encre en nous. Mais la réflexion de mon grand-père sur la vision de nos métiers a été comme un déclic.

Car si nous échangeons le mot « terre » par celui de « vie », cultiver ou exploiter n’a plus du tout la même résonnance en nous. Même quand notre formatage est éduqué à être un exploitant agricole.

J’évite au maximum aujourd’hui de prononcer le mot « exploitation », et s’il me vient encore parfois aux lèvres, je me dis qu’être cultivateur de vie est bien plus agréable, et me laisse plus de possibilité d’échec qu’être exploitant agricole…