La vie passée: le travail des enfants

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

 

Le travail des enfants est une chose lointaine, soit en kilomètres, soit historiquement parlant. Nous oublions que la génération du Grand Chef (ceux né juste après guerre) est susceptible d’avoir commencé le travail à 14 ans, soit presque 10 ans plus tôt qu’aujourd’hui. Mais ici, il y a aussi les heures creuses des vacances qui se résument à aider dans les champs. Car n’en doutez pas, Dorothée était beaucoup plus attractive que la binette.

J’ai déjà évoqué l’Ancêtre qui devait glaner les épis de blé, ou encore ma tante qui déprimait en constatant la baratte de beurre dans l’évier en plus de ses devoirs d’écolière.

Mais en 3 générations, et à l’heure où travailler 40 ans pour un minimum de 35h/semaine nous semble beaucoup, j’entends les récits de mes grands-parents résonner. Commencer le travail à 13 ans, même si l’on aurait préféré être couturière ou institutrice mais que les parents n’avaient pas assez d’argent. Se retrouver avec sa sœur qui lui répétait : « force, mais force donc, c’est comme ça que tu y arriveras ! ». J’avoue ne pas imaginer. C’est l’âge de mes filles ! Et clairement, je crois qu’on les retrouverait enterrées dans un coin si je devais les entendre râler toute la journée d’être exploitées (encore que mes parents nous ont laissé vivants avec mon frère mais il ne s’agissait que des vacances scolaires…)

Maintenant, nous commençons plus tard. Déjà, ma génération n’était plus obligée de venir donner un coup de main dès le retour de l’école. Mais les vacances avaient son passage obligatoire dans les champs. Pour nous éviter de ne rien faire ? Nous donner le sens du travail ? Parce que cela avait toujours été ainsi ?

De mon expérience, obliger n’était pas une manière de donner beaucoup d’attrait au travail de mes parents. L’avantage était de gagner son argent de poche (et pour quelques copains aussi). Et je n’ai pas encore vraiment commencé avec mes filles, l’opposition étant forte et cette valeur n’est plus du tout dans l’air du temps…

Pourtant, maintenant que je suis adulte et que je me retrouve à prendre des jeunes, il est vrai que nous voyons bien la différence entre ceux qui n’ont aucune expérience du travail et ceux qui en ont.

Au final, grandir passe aussi par l’autonomie qui est demandée dans la vie active. Alors, je crois que je perpétuerais notre tradition qui est de traîner notre marmaille récalcitrante dans les champs pour l’obliger à ne pas seulement attendre ce qu’elle doit faire de leurs professeurs, mais à se prendre un peu en main…

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