La vie passée: les graines F1

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

 

Nous le savons tous, c’était mieux avant. Enfin surtout parce que j’avais plus de 20 ans, que la vie était devant et que les parents ne mettaient plus de couvre-feu.

Et bien, pour les graines, c’est tout pareil. Enfin, c’est ce que j’entends. Parce que, perso, je ne suis pas assez vieille pour comparer. Et en toute honnêteté, quand je vois le prix d’un paquet de graines de carottes chez Kokopelli, je n’ai jamais essayé d’en prendre 300 000 graines pour voir si vraiment vous aimeriez. Il y a eu un essai sur les salades quand nous avons cessé de chauffer les serres en plein hiver (parce que 2L de fioul pour produire une laitue !), et bien, notre loi des 80/20 s’est vérifiée : oui, 80% de nos clients préféraient avoir des laitues du Sud que nos trucs moches et riquiquinous de variétés anciennes en hiver. Car vivons avec notre temps !

Toutes les graines modernes (et certaines ont mon âge, donc disons antérieur à la jeunesse de l’Ancêtre) sont des F1. J’exagère peut-être, mais avouons que c’est pour beaucoup de variétés, même celles de mon enfance. Même moi, je ne sais pas à quoi ressemble une Reine de Mai (parce qu’un kilo de laitue, vous hésiteriez…)

Il y a les OGM, complètement stériles principalement pour des histoires d’argent. Là, tout le monde s’accorde à dire que ce n’est pas joli, joli de faire ça à la nature…

Et nous sentons qu’il y a confusion avec les F1. Bien ou pas, c’est un peu comme le téléphone portable : nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas notre meilleure preuve d’autonomie face au monde, voudrions le lâcher, mais hurlons dans une zone blanche parce que même si c’était mieux sans, ben… nous allons le garder encore un peu…

Revenons aux graines. Ici, seuls l’Ancêtre peut comparer (et à 97ans, je vous assure que certains détails lui échappent). Mais si nous lui demandons, le verdict est sans appel. La F1 (qui veut dire qu’il y a eu 12 générations entre la plante où l’on s’est dit : « elle est trop bien, je veux sa descendance dans mon assiette » et la graine que nous semons) a sauvé le métier d’agriculteur (et je vous rappelle que nous ne sommes que 3% de la population active). Je force le trait, mais quand vous entendez chaque été depuis votre adolescence (et ils commencent à être nombreux !), qu’avant, avec les vieilles variétés, vous cueilliez des haricots tout l’après-midi et que le lendemain, ils étaient piqués de rouille, donc invendable, je vous prie de croire que mes après-midi auraient eu un autre projet que d’être courbé en 2 pour ramasser ces fourbes.

La F1 a permis de stabiliser beaucoup de variétés. Oui, il y a une uniformisation. Mais je vous rappelle que notre esprit d’aventure s’arrête à la forme du légume : une tomate qui est de toutes les tailles, et pas que rondes, nous la laissons gentiment pour ceux qui traînent au lit plutôt que de venir choisir leurs légumes…

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