La vie passée : de mère en fille, la place de la femme
Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…
Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…
Nous pourrions croire qu’être agriculteur est un métier masculin. Et pourtant chez nous, c’est de mère en fille que les champs se passent. L’arrière-grand-mère a importé son mari, mon grand-père trouvait sa mère trop fatigante et a préféré travailler avec sa belle-famille, mon père est venu travailler avec ma mère en maraîchage plutôt que de poursuivre la ferme traditionnelle de ses parents, mon frère n’a pas continué les légumes, et sans savoir si ma descendance continuera, je sais déjà que je n’ai que 2 filles…
Donc chez nous, le vecteur est féminin. La femme au foyer qui attend son mari n’existe pas. Elles ont souvent un sale caractère, et ont leur mot à dire. Leurs maris ne menaient pas la charrette, ni la voiture. Les histoires circulent : ma grand-mère était dure à la tâche. Pour éviter tout lambinage, elle faisait le premier rang de désherbage avec les ouvriers, regardait sa montre et donnait l’objectif minimum de la journée (et vous pouviez vous accrocher pour la dépasser !).
Je me rappelle du jour où, du haut de ses 80 ans, elle rejoint mon grand-père à 17h qui papotait avec moi qui repiquais. Elle lui demande : « tu fais quoi ? ». Lui comptait s’éclipser pour peindre un peu, son loisir de retraite. Que nenni ma bonne dame ! La voilà qui le prend par le bras pour l’emmener désherber le carré de vivaces de ma mère… jusqu’à 19h.
Les femmes de ma famille n’ont jamais rien lâché, et j’ai toujours vu les hommes contribuer à l’entretien de la maison. De façon très égalitaire pour mes grands-parents, moins pour mes parents. Mais il n’y a jamais eu de tâche pour les femmes ou d’autres pour les hommes. La répartition des charges étaient par affinité : mécanisation pour mon père dû à la polio, et fleurs pour ma mère qui en était passionnée. Je n’ai jamais senti qu’être une femme m’obligeait à plier. Ne pas me lever de table pour débarrasser avec les autres femmes pendant que les messieurs discutent autour du café ne me gêne aucunement. Soulever une caisse de 20kg n’est pas un problème non plus, même si, à Rungis, ces andouilles d’hommes se croient obligés de nous aider car c’est bien trop lourd… et si l’humeur m’en dit, je les laisse à leurs doux rêves de preux chevalier.
Jaime cette histoire de famille
Jaime la simplicité et le sens de passation de l l’heritage
Et je suis nullement féministe