La vie passée: 1976

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

 

Toute mon enfance, j’ai entendu ma mère parler de 1976 avec des étoiles dans les yeux. Car elle aimait la chaleur. Elle nous racontait comment, à Pâques, les tenues étaient déjà légères et le soleil infini. Comment la peau avait bruni et la terre réclamait à boire.

Mais 1976, c’est aussi la meilleure année de l’Ancêtre. Les légumes ont poussé en abondance, grâce à l’arrosage.

Nous ne le disons jamais assez, mais il est plus facile de gérer une année sèche qu’une année humide où l’herbe prend le dessus sur tout, nous laissant juste épuisés de tenter de la réguler.

Donc 1976 est l’année du meilleur chiffre d’affaires de mon grand-père. A l’époque, ils n’étaient que 5 dans les champs : 2 ouvriers espagnols en saison, ma mère qui était sur sa 18e année et mes grands-parents. La vie était-elle douce ? Aucune idée. Mes grands-parents étaient des intoxiqués du travail, laissant ma mère à peine s’échapper pour profiter du 14 juillet avec ses amis et les ouvriers venaient souvent en France pour gagner le plus possible avec de longues heures et ramener l’argent dans leur pays pour y vivre mieux.

N’empêche, pour comparaison, le chiffre d’affaires de l’Ancêtre de 1976 correspond au montant des charges que mon père payait pour nos salariés en 1997, sachant qu’il n’y avait que 2 salariés à temps plein et 1 salarié à mi-temps (soit 1 temps plein de plus qu’en 1976). Ce qui représentait le graal pour l’Ancêtre, n’était plus qu’une partie pour le Grand Chef.

En mettant en perspective, nous devons reconnaitre une amélioration nette de notre confort de vie salariale : la progression des congés payés, une meilleure retraite (car malgré son taux assez bas, elle a progressé de rien à un peu durant ces années), moins de travail journalier, une mécanisation qui réduit l’effort physique…

Mais cela met aussi en lumière l’augmentation des coûts de productions.

Je ne saurais dire aujourd’hui ce qu’il en est exactement. Mais peut-être devrions nous comparer l’année 2000 à 2020 pour voir si la proportionnalité est la même ou si tout à évoluer…

En attendant, 1976 reste un souvenir de ma mère qui a vu en 2003 sa répétition. Elle n’a pas vu ces dernières années où l’été rampait sous nos épidermes, mais elle aurait adoré ces vagues de chaleur qui s’échouaient sur des hivers doux. C’est toujours un sourire qui souligne ma bouche quand la girouette indique Sud-Est à midi le dimanche des Rameaux, car je sais que l’année sera chaude et sèche… comme en 1976. Comme un clin d’œil.

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