La vie passée: l’enfance

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

 

Surtout en ces moments où nous coupons les ailes de notre sociabilité.

J’en parle parfois en filigrane. Travailler dans les champs est aussi la nostalgie de l’enfance. Laure, dont la famille n’est pas du métier, aimait les récits de nos premières années : pouvoir travailler avec les enfants à nos  côtés. Bien loin de ce qui est de coutume aujourd’hui.

Mon grand-père raconte la moisson où les gosses devaient glaner dès 5 ans, derrière les adultes. Ce n’est pas un bon souvenir. Il se range au même niveau que l’obligation d’aller faire quelques heures par jour durant mon adolescence.

Vivre à la ferme, c’est être obligé de participer. Mais être proche de nos ascendants.

Il y a les mauvais souvenirs qui sont liés à l’obligation de prêter mains fortes pour nous montrer la valeur du travail.

Je me souviens de mes 6 heures (ou peut-être moins, mais qui paraissaient une éternité) du haut de mes 8 ans pour payer mon inscription de 60F au Club Barbie… Ma mère parlait des heures passées à calibrer les tomates et des quelques sous obtenus avec lesquels sa mère lui avait acheté une paire de draps en lin pour plus tard… Ma tante racontait sa déconvenue quand, en rentrant de l’école, il y avait la baratte à beurre à nettoyer dans l’évier…

Toutes ces anecdotes montrent un milieu assez dur à la tâche, où le pragmatisme régnait en maître.

Mais il y a aussi les multitudes de bonheurs : les fous rires dans les herbes folles avec le cousin, les mûres récoltées qui payaient les entrées de piscine et notre indépendance, les maisons de Barbie faites de caisses en plastique que nos parents récupéraient les jours de récolte provoquant notre grogne de voir nos si belles maisons saccagées !

Et aussi ces moments où nous suivions nos parents, faisant des gâteaux de boue et où chaque adulte faisait semblant de trouver cela délicieux. Les heures passées à trouver des bouts de faïences colorées pour nos collections. Les goûters au chocolat râpé chez les grands parents. Les yeux qui piquaient quand ils épluchaient les poireaux dans le hangar.

Mais aussi ceux que j’ai de mes filles : les faire dormir dans une brouette de maçon, enveloppées dans une couette en duvet. Les emmener manger des fraises. Voir le soleil levant avec elles en cueillant les tulipes…

Et j’y ajoute mon neveu qui venait nous faire la conversation, ou les plus récents, le fils de Carlos qui trottine, du haut de ces presque 3 ans, derrière son père ou qui vient nous voir quand il en a un peu marre pour nous faire lever le nez de notre travail. Sentir leur odeur d’enfant, nous amuser de leurs mots, leur apprendre à grandir, savoir qu’il y aura toujours quelqu’un pour les rattraper avant qu’il ne tombe dans un trou (ou qu’ils ne marchent sur toutes nos salades !).

Sourire, sourire encore et toujours car nous avons grandi à plusieurs, en liberté, sans avoir peur de tout et en faisant nos erreurs… qu’il fallait cacher à nos parents (même si nous apprenons bien plus tard qu’ils n’étaient pas dupes car ils ont eu le même âge…)

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