La vie passée: le fumier

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

 

Mes grands-parents nous racontaient souvent qu’au Mesnil-le-Roi, il y avait des carrières de champignons. Donc une quantité de fumier de cheval phénoménale. Véritable aubaine pour leurs champs, dont certains étaient extrêmement pauvres en matière organique. Ils racontaient aussi que les chevaux qui étaient méchants finissaient souvent leurs jours là-bas, sous terre à travailler sans relâche jusqu’à l’épuisement… Le fumier de cheval servait beaucoup dans les châssis, la chaleur dégagée permettant aux graines de germer (ce que nous faisons aujourd’hui avec du chauffage). Il est étrange pour moi d’imaginer le travail avec un animal, devoir le diriger, le nourrir, sentir quand il a froid ou a juste envie de rentrer à l’écurie (oui, parce qu’il n’y a que Jaja, mon chien, pour pigner jusqu’à ce qu’on rentre s’il trouve le temps trop long…). Les animaux avaient l’avantage d’occuper mes grands-parents, de les nourrir (même si ma grand-mère détestait les tuer) et de nourrir le sol, même si cela ne suffisait pas et qu’ils trimballaient pas loin de 200T/an avec leur remorque des carrières à leurs champs. St Rémy n’a vu aucun animal à leur arrivée… mais l’élevage était encore présent dans le coin, et trouver du fumier frais n’était pas une mission impossible. Nous avons même travaillé avec le zoo de Thoiry dans les années 80/90… apporter une touche d’exotisme dans nos terres. Naturellement, la législation a fini par changer et nous devions utiliser du fumier avec de la paille bio pour avoir le label. Autant vous dire qu’il n’y en avait pas dans le coin, et mes parents ont relégué l’épandeur au fond d’un hangar avant de le revendre. Nous avons donc commencé à travailler avec du fumier déshydraté. Jusqu’à ce que nous pouvions à nouveau utiliser du fumier traditionnel. Pourquoi ? Pas vraiment d’idées. Peut-être est-ce parce qu’il fut un temps où les déchets verts compostés n’intéressaient personne et que les déchetteries cherchaient à s’en débarrasser (ce n’est plus le cas aujourd’hui, il faut même prouver que nous ne sommes pas de vilains revendeurs de terreau si nous en voulons…), et les centres hippiques ne savent pas trop quoi faire de leur fumier (sans que cela leur coûte un bras)… bref, si le fumier de bovins reste denrée rare, nous avons racheté un épandeur, et peut-être que la prochaine génération aimera trainer quelques animaux dans les champs, retrouvant cette relation du vivant qu’un moteur de tracteur ne nous apporte pas…

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