La vie passée: les fleurs

Parce que même si mes grands-parents ont commencé à cultiver en bio en 1970, nous sommes loin d’être parfait, et manquons de cohérence dans certains faits, car, oui, nous avons préféré notre confort et rêvé à l’absence de pénibilité dans notre travail…

Et moi, Céline, je m’interroge sur le parcours fait en trois générations. De l’Ancêtre, mon grand-père, en passant par le Grand Chef, mon père, à moi, voici quelques différences de vie…

 

Ma mère était passionnée de fleurs. Nous avons des photos où les rangs ne se terminent jamais (comme dans mes souvenirs aussi d’ailleurs !). Mais mes grands-parents en faisaient aussi un peu. Ma tante se souvient encore du poids des caisses quand il fallait mettre en jauge les jacinthes, tulipes, narcisses… il lui semblait transporter un âne mort ! Ma grand-mère parlait souvent des renoncules et des anémones qu’elle cultivait en hiver, pour occuper leur journée et amener un peu d’argent, même si selon les températures, elles pouvaient geler sur l’étalage d’un côté et être brûlé par le réchaud de l’autre…

Mais c’est ma mère qui a vraiment multiplié les couleurs au milieu de la verdure. Du mois de Février jusqu’aux gelées, il y avait des fleurs partout. Très tôt, nous avons appris à botteler un bouquet, et nous remontions avec nos 10 bottes sur l’épaule les mettre dans les seaux. C’était notre argent de poche. Des moments avec notre mère aussi. Mon père raconte qu’ils disparaissaient aussi, parfois, entre les rangs quand il venait l’aider à finir… Personnellement, je me souviens des acrocliniums qui ne s’ouvraient qu’au soleil. Donc à 14h, sous le soleil au zénith, il fallait cueillir ces fleurs pour les faire sécher. Et elles étaient des milliards !!!! (enfin dans mon esprit d’enfant…), et quand vous cueillez les fleurs, il fallait bien descendre tout en bas de la tige, sinon la traitresse vous écorchait la main quand vous veniez cueillir sa copine.

Le passage à l’euros a beaucoup modéré l’engouement de nos clients pour les fleurs. Vendues 22F le bouquet, ils trouvaient que 3€ était trop cher alors que cela ne faisait même pas 20F.

Tant pis, ma mère en a fait moins et a pris sa revanche quand nous avons commencé Batignolles. L’engouement des parisiens pour les fleurs des champs faisait qu’il y avait même des seaux à l’avant du camion, et qu’il fallait faire attention en ouvrant les portes arrières que plusieurs ne nous tombent pas dessus !

Naturellement, son décès a freiné notre production florale. Mon frère ne voulait pas s’embêter avec au marché de Maisons-Laffitte, et je n’avais pas la passion de ma mère pour y passer tout mon temps. J’en aime les couleurs, les odeurs, mais si je continue quelques rangs aujourd’hui, c’est surtout qu’il y a toujours un peu d’elle avec moi quand je fais des bouquets. Elle m’attend tranquillement à l’aube pour m’accompagner cueillir les tulipes en attendant que le coucou chante…

Vos commentaires

  • Petit 15 / 12 / 2020 Reply

    Très beau Celine et très touchant tous ces souvenirs que tu nous fait partager, tellement presents , avec le don que tu as à les raconter Merci pour TOUT à manger et à lire, la même qualité , la vraie vie ,très bon Noel à tous , un repos bien mérité et une nouvelle et
    Belle Année , malgré tout mais tu es du genre optimiste, ça ira bien joyeux Noel en famille à bientôt

  • Petit 15 / 12 / 2020 Reply

    Joyeux Noel

  • Laurence 16 / 12 / 2020 Reply

    Beau texte, très émouvant à la fin

  • Marie Odile 04 / 01 / 2021 Reply

    Un très beau texte qui m’a beaucoup touché

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